top of page

Fête lire/lire faites


J'ai relu en 2ème lecture, longtemps apres l'avoir lu en 1984 lors de sa parution, le livre de Bernard Henri Levy " Le Diable en tête "

Qui se souvient encore aujourd'hui du tollé qu'avait soulevé Michel Polac dans son émission " Droit de Réponse " en présentant et défendant le livre de BHL à ses invités.

Entre ceux qui étaient pour, et ceux qui étaient contre, s'était installé un débat d'une violence inouïe, ils avaient fini par se battre .

Mais de quoi s'agissait-il donc, pour que ce livre soulève tant de véhémence et de passion ?

Des le début, en page de garde , le narrateur prévient :

" J'ai rencontré Benjamin C , il y a quelques années à Jérusalem. Étais-je enclin, ce jour là, à me soucier d'un autre que de moi-même ? Et avais-je des raisons, surtout, de m'intéresser à un étranger dont tout , ou presque, me séparait ?

Je ne le pensais pas --- lorsque, saisi à mon tour , comme la plupart des acteurs de cette histoire , par la séduction du personnage, je commençai à comprendre que j'avais en face de moi l'un de ces êtres noirs , marqués et comme élus à rebours, que l'on dirait placés au point de rencontre des forces les plus troubles de leur époque et dont la familiarité avec le Mal m'a toujours semblé lester le témoignage d'un supplément de vérité.

Au bout de ce visage , il y avait le siècle.

Cela valaît bien le temps d'une enquête "

Cette enquête donc, se découpe en cinq parties ; Journal de Mathilde -- Interrogatoire d'ongle Jean

--- Lettres de Marie --- Témoignage d'Alain Paradis --- Confessions de Benjamin .

À travers ces personnages clés, c'est en effet tout le siècle qui est raconté, traversé par un grand souffle puissant, forgeant ou dévastant les destins de ceux qui osaient s'engager pour le bien ou s'engager pour le mal...

Cette seconde lecture me laisse un goût amer, alors que la première m'était apparue comme le comble d'un romantisme sublime qui m'avait enthousiasmée --- Ce goût amer, parce que l'engagement effréné de ce beau jeune homme lumineux, n'était pas son destin, pas celui de cet être doué de tous les dons, pas celui d'une àme en perdition --- Amer , parce que tant de beauté ensevelie sous le mal, par le mal, est intolérable .

Ce destin m'apparaît comme le non accomplissement du bien, dans l'accomplissement du mal . Qu'est-ce à dire? Selon Heraclite "Un monde sans destin mais non sans douleur, la plupart des maux pour les mortels naissent de leurx choix" Même dans l'erreur, B décide par lui-même il est tout d'une pièce, inflexible, ni les avis des siens, ni le danger à courir ne l'arrête.

Son engagement intransigeant fut lié â ce sentiment violent :.. que de son destin personnel dépendait celui "du monde comme il va" Il fit ses choix en conséquence

Incroyablement lettré, il cite au gré de ses expériences : Baudelaire, Rimbaud , Aragon...

Peut-être, au moment le plus douloureux de sa jeune vie , s'est-il identifié à Rimbaud "hanté par la perte du paradis perdu" --- Ce paradis de son enfance qu'il recherchera en vain, dans sa vie frénétique, dans la haine de la société dans laquelle il vit, dans la folie des guerres, dans l'enfer du terrorisme... Poursuivi ,où qu'il aille, par les ombres d'un passé qu'il n'éxorcisera jamais.

Si ce mot de destin symbolise, en effet, tout ce qui menace l'homme, le limite et parfois l'écrase, il n'y a en pas moins place, en face de lui, pour une grandeur et une libre volonté de l'homme.

Benjamin aura exercé la sienne jusque au point de non retour...

Featured Review
Tag Cloud
No tags yet.
bottom of page